En arabe phonétique « Kitaba » signifie « écriture ». C’est-à-dire un système de signes graphiques représentant un langage parlé.
Mais ce que nous réaliserons cette année en atelier n’est pas une écriture au sens conventionnel du terme.
Libérés des principes de communication, nous interrogerons les formes d’une écriture afin d’en faire un véritable outil de création graphique.
Nourris de discussions et de débats sur les enjeux de l’identité, notre projet aura pour but de produire une trace commune de cette nouvelle écriture que nous inventerons et que nous ferons vivre ensemble.
Le projet Kitaba est une recherche typographique autour des langues, entre écriture arabe et écriture française.
Avec l’aide de quelques élèves bilingues de la classe, nous traduisons des mots en écriture arabe. Ces mots deviennent alors notre matière graphique pour un exercice de découpage de lettres.
L’objectif de cette démarche est de reconstituer l’entièreté de l’alphabet latin avec uniquement des lettres arabes.
Une fois notre alphabet constitué, nous pouvons commencer à écrire des mots, puis des phrases entières...
Cette construction graphique me permet de sensibiliser les élèves au travail du typographe, entre dessins de lettres et compositions de formes.
La suite du projet consiste à réaliser des affiches avec différents assemblages de lettres arabes.Viennent alors se greffer des imaginaires singuliers : « On dirait un monstre qui sourit », « Moi, je vois une moto », « Là, c’est comme s’il y avait un toboggan géant ».
Les possibilités sont infinies et les élèves s’approprient le processus graphique merveilleusement bien !
Après le découpage / collage, nous passons au pochoir afin de pouvoir composer des formes dans un plus grand format.
Par équipe de deux, ils réalisent des affiches à l’encre de Chine qui, encore une fois, deviennent tout autre chose grâce à leur regard.
Cela me permet d’introduire la notion d’impression, avec la technique de la sérigraphie, que la classe aura ensuite l’opportunité de découvrir lors de la visite que nous ferons à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris.
À cette occasion, je réaliserai une affiche directement inspirée de nos séances en atelier qui sera distribuée à chacun des élèves.
Ces formes graphiques à mi-chemin entre l’arabe, le français et l’imaginaire n’en finiront pas de nous animer tout au long de l’année.