Mon ambition initiale est de réaliser avec les enfants une œuvre éditoriale collective dont ils seraient les protagonistes. Cette œuvre permettrait à la fois de fédérer la classe autour d’une ambition commune et produirait l’espace pour que chacun s’y raconte à sa manière. Mais comment créer collectivement au sein d’une classe ? Et comment repousser les limites du cadre scolaire pour accueillir un climat d’ébullition ?
Les premiers mois de ma résidence se sont centrés sur l’exploration des imaginaires individuels des enfants grâce à des recherches de couleurs, de mots, de tracés de cartes, de rencontres avec différents livres de notre bibliothèque
Mais comment rallier ces espaces disparates et parfois antagonistes au service d’un espace imaginaire commun qui représente toute la classe ? Avec de l’argile, nous réalisons des ponts, des portes, des chemins, des routes, et d’autres types de structures qui permettent symboliquement de relier ces espaces entre eux. Cette installation d’argile nous offre un nouvel espace d’exploration que nous définissons au cours d’un vote collectif comme « La ville aux 24 ponts ».
Par le dessin, l’écriture la sculpture, l’installation, les histoires racontées par les enfants se structurent bientôt en chapitres – opération toujours soumise au vote. De la mise en page à la reliure, les enfants sont confrontés aux étapes de réalisation du livre.
Au fur et à mesure de l’année, les enfants découvrent des manières de faire, des oeuvres qui résonnent avec leur travail en cours, et ils s’emparent avec de plus en plus de connaissance et de liberté des matériaux à disposition. Ils se positionnent comme créateurs.
De mon côté, ce voyage dans la ville aux 24 ponts me permet de développer un travail pédagogique à poursuivre et de collecter un précieux matériau pour mon prochain roman graphique.