Notre quotidien scolaire. Le point de départ pour le travail avec les enfants prend la forme d’une question : comment nous invitent à bouger les différents espaces que l’on habite ? Cette question, qui est à la base de ma recherche artistique, invite à prendre appui sur le concret.
Quels ont été les espaces investis par les enfants pendant la résidence ? La ville, partagée avec un grand nombre de personnes, dont des inconnus. L’école, partagée avec un groupe de personnes que l’on peut reconnaître et connaître avec le temps. Ici il y a des espaces divers, qui permettent différentes mobilités et états de corps. On ne bouge pas de la même façon dans la salle de classe que dans la cour de récréation. Ou que dans la maison, partagée avec un cercle très proche, un espace d’intimité. Ces trois espaces ont mobilisé les explorations et la création tout au long de l'année. Et un lien a commencé à apparaître entre ces espaces-là et trois niveaux de relations : avec soi-même, avec les membres d’un groupe auquel on appartient, à l’intérieur d’une collectivité.
La première partie de l'année s'est concentré sur l'exploration, tant des espaces mentionnés ci-dessus que du travail de la danse : qu’est-ce qu’une chorégraphie ? Qu’est-ce que l’improvisation ? Comment puis-je improviser ? Comment puis-je apprendre le mouvement de quelqu’un d’autre ? Comment puis-je créer un mouvement à moi ? Comment puis-je parler des danses que je vois et de ce que je danse moi-même ?
À partir de protocoles et de jeux qui invitent tantôt à travailler tout.e seul.e, en petit groupe ou avec tout le groupe, nous avons abordé ces questionnements par le corps. Enfin, les trois derniers mois de l'année scolaire ont été consacrés à la création collective d'une pièce chorégraphique, nommée par les enfants Notre quotidien scolaire.
Le fil rouge de la pièce correspond à une journée où les enfants vont à l'école. Ensemble, nous avons décidé quels gestes incarner, comment les agencer dans l'espace et dans le temps, avec quelle musique, comment organiser les transitions, quels costumes mettre, entre autres. Puis, nous avons partagé cette création avec les autres artistes et classes d'AIMS, avec leurs parents et les autres classes de l'école.
Finalement, un autre questionnement important dans cette recherche est de comment garder trace des expériences dansées. Je suis très sensible à la traduction d’un vécu corporel dans un autre registre : le dessin, les mots, les symboles, voire la cinétographie.
Cette démarche permet, à mon sens, d'enrichir la pratique à partir d'une analyse. Elle favorise le choix et la mise en perspective des éléments essentiels de toute création chorégraphique. C’est pourquoi chaque enfant avait un carnet de bord où iel pouvait déposer, à sa manière, les expériences vécues dans les ateliers, pendant les sorties, lors des représentations. Cela leur permettait de retraverser ce que l’on avait fait et de laisser une trace personnelle à laquelle iels pourront revenir plus tard. Une mémoire incomplète et subjective ancrée dans le papier.
Je tiens à remercier très chaleureusement Juliette Fauvel, l’enseignante de la classe, pour son enthousiasme et sa disponibilité dans la construction et le déroulement de ce projet.